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Pourquoi les États-Unis sont préoccupés par la nouvelle puce 5G de Huawei?


Le constructeur chinois aurait réussi à fabriquer un processeur 5G de 7 nanomètres pour son nouveau smartphone. Une réussite technologique peu surprenante, mais qui pourrait remettre en cause l'efficacité des restrictions commerciales imposées par Washington en matière de composants high-tech.

C'est un petit bout de métal qui a fait grand bruit. Le constructeur chinois Huawei a récemment dévoilé son dernier smartphone, qui embarquerait un processeur 5G de 7 nanomètres entièrement fabriqué en Chine. Un composant qui pourrait représenter une réussite technologique symbolique pour le pays placé sous sanctions internationales – et qui inquiète les États-Unis.

Tout part de la présentation du Mate 60 Pro par Huawei, le 29 août. Selon des analyses, son processeur, le Kirin 9000s, serait capable de se connecter au réseau 5G. Rien de révolutionnaire en soi, sauf que la puce, entièrement "made in China" - car conçue par Huawei et fabriquée par l'entreprise chinoise Smic (Semiconductor Manufacturing International Co) - a atteint les 7 nanomètres.

Qu'est-ce que ça change? En électronique, on utilise une mesure en nanomètres (nm) pour parler de la taille des transistors, ces composants électroniques entassés sur les puces et qui lui permettent de réaliser des opérations. Plus ils sont petits, plus la puce peut en accueillir, et donc plus elle est puissante.

Avec des transistors de seulement 7 nanomètres, la puce conçue par Huawei et Smic n'atteint pas encore le niveau des leaders du secteur, le taïwanais TSMC et le sud-coréen Samsung, qui tournent autour des 3 nanomètres. Mais il a bien rattrapé l'américain Intel, distancé par ses concurrents depuis plusieurs années.

Une avancée probablement coûteuse

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Cette réussite technique n'est en fait pas vraiment une surprise. Smic avait déjà fabriqué des puces de cette taille en 2021, à l'époque dédiées au minage de cryptomonnaies, comme le souligne justement Numerama. S'il semble logique que cette technologie profite ensuite à d'autres industries, c'est la première fois qu'un smartphone chinois intègre ce type de puces.

Mais cette nouvelle reste un camouflet pour les États-Unis, qui ont émis plusieurs salves de sanctions contre la Chine. Ces sanctions, lancées en 2019 sous Donald Trump et renforcées par Joe Biden, empêchent notamment Pékin de s'équiper d'outils indispensables à la gravure des puces les plus petites: les machines de gravure fabriquées par ASML, une entreprise néerlandaise au cœur du marché des semi-conducteurs.

Comment la Chine a-t-elle pu obtenir un tel résultat sans ces machines? Selon certains spécialistes, Smic pourrait avoir atteint ce niveau même sans les outils les plus sophistiqués. "Avec les anciennes machines, il faut repasser sur les mêmes lignes plusieurs fois: le processus est plus lent, les risques de 'ratés' sont plus élevés", explique Pierre Sel, doctorant à l’université de Vienne, en Autriche, et cofondateur de la société de veille sur la Chine EastIsRed, cité par Libération.

Un résultat pas impossible, donc, mais qui demande plus de temps et d'argent pour le même résultat. C'est d'ailleurs le chemin qu'avait emprunté le taïwanais TSMC, qui avait initialement choisi de perfectionner la technique de gravure dominante, plutôt que d'investir dans les systèmes de pointe, pour confectionner ses premières puces 7 nm, rappelle Numerama.

Des failles dans les sanctions américaines

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Ce qui ne veut pas dire que les sanctions américaines n'ont aucun effet sur l'industrie chinoise. Pas sûr, par exemple, que Smic puisse descendre en-dessous des 7 nm sans les machines les plus modernes d'ASML.

D'autres pointent des trous dans la raquette des sanctions économiques. "Le récit officiel chinois d'une rupture héroïque du blocage technologique imposé par les impérialistes américains est incorrect", estime Douglas Fuller, professeur d’économie internationale à l’Ecole de commerce de Copenhague, auprès du New York Times.

"À la place, les États-Unis ont permis à Smic de garder un accès important aux technologies américaines", affirme le spécialiste.

Les entreprises chinoises pourraient par exemple avoir accumulé le plus de composants étrangers possible avant l'entrée en vigueur des sanctions. Ou elles pourraient continuer à s'en procurer en les rachetant à des tiers: selon les analyses de TechInsights, le Mate 60 Pro contiendrait aussi des puces mémoire fabriquées par l'entreprise sud-coréenne SK Hynix, qui se défend pourtant d'avoir contourné les sanctions américaines.

Des failles qui motivent déjà certains élus américains à prendre des mesures fortes en représailles. "Le moment est venu pour mettre fin à toutes les exportations de technologies américaines vers Huawei et Smic", a déclaré Mike Gallagher, élu républicain et président de la commission de la Chambre des représentants sur la Chine.

"Toute entreprise qui bafoue la loi américaine et compromet notre sécurité nationale sera coupée de notre technologie", a réclamé l'élu cité par Reuters.

Apple au coeur du conflit

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Cette nouveauté pourrait également inquiéter Apple. Quelques jours après la présentation du Mate 60 Pro, la Chine a étendu son interdiction des iPhone à de nouveaux échelons des ministères, selon des sources citées par le Wall Street Journalune information contestée par Pékin. Une politique qui, si elle était encore étendue grâce à l'apparition d'un smartphone made in China aussi puissant, pourrait avoir un impact important sur les revenus d'Apple, dont près de 20% proviennent de la Chine.

"Un téléphone comme celui de Huawei, suffisamment bon et soutenu par les dirigeants chinois, aura certainement un impact sur Apple", estime Alan Yeung, un ancien dirigeant américain de Foxconn, l'entreprise qui fabrique les iPhone. "Mais difficile de savoir à quel point."

Reste un autre fait, sans doute au moins aussi important: 90% des composants du Mate 60 Pro seraient produits en Chine, selon la publication chinoise Pacific Technologies citée par Numerama. Un pourcentage de production nationale dont aucun autre pays au monde ne peut se targuer.

Sources


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Author: David Ochoa

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